Maxime GUIMARD, Petit traité sur l’immigration irrégulière, Editions du Cerf, 11 janvier 2024, 384 pages

Si les questions migratoires sont le thème de nombreuses publications et occupent une part importante du débat public, jamais elles n’avaient fait l’objet d’une synthèse globale visant à répondre à la question suivante : les pays européens peuvent-ils contrôler l’immigration irrégulière ? et dans l’affirmative, de quelle manière ?
Pour cela, il faut saisir la dynamique grandissante de la démographie et des mouvements de population au cours du dernier siècle, et son articulation avec la réponse des pays de destination. Il s’avère que loin d’être une question uniquement européenne, le contrôle de l’immigration irrégulière a mobilisé l’inventivité des administrations de la plupart des pays du monde, y compris au Sud.
Pour cette raison, je propose une synthèse de la gestion des migrations irrégulières et m’attache à comparer les pratiques des grands pays de transit et de destination pour mettre au jour l’exceptionnalisme libéral de l’Europe. Des débats oubliés, proches ou lointains, sont rassemblés pour montrer comment les politiques migratoires façonnent les mouvements irréguliers, que ce soit en Méditerranée centrale, dans le désert de Sonora, sur la ligne verte de Chypre, ou au travers de transits aériens extravagants.
Formulaires de visas, courbes des prix des passeurs, durée de réponse aux demandes d’asile, franchissement indétecté des frontières… chaque facteur de la formidable arithmétique des migrations irrégulières est décrypté et défini, chiffres et exemples à l’appui. En se fondant sur de nombreuses coupures de presse des pays d’origine, j’écris aussi la chronique de négociations et controverses passées inaperçues.
Parce que ces thèmes sont récurrents, une partie est enfin consacrée à l’étude des polémiques en matière de retour portant sur l’aide publique au développement, la taxation des transferts de fonds ou les sanctions en matière de visa ayant récemment frappé les pays du Maghreb.